Revue philosophique

Dans l'article Idéalisme du Vocabulaire, nous avons évoqué l'idéalisme en général. L'idéalisme peut aussi bien adopter une attitude réaliste que la refuser et déclarer le monde illusoire et entièrement dépendant de la subjectivité (comme dans l'immatérialisme de Berkeley). Certains idéalistes affirment que ce qui existe réellement et indépendamment de nous (ce qui existe en soi) est idéel. C'est un idéalisme réaliste, on dit encore idéalisme objectif.

L'exemple princeps est l'idéalisme Platonicien. Dans cette conception, le concret phénoménal dans lequel nous nous trouvons (la réalité des choses tangibles) s'oppose au monde des Idées qui est véritablement réel. C'est le monde de l’eidos pour Platon ou le règne logico-mathématique pour Gotlob Frege. Cette conception suppose une forme d'existence idéelle, indépendante de la pensée humaine, et qui fonde le Monde

Pour Platon, les Idées générales et universelles sont immuables et par conséquent ne peuvent résider dans la réalité sensible qui est changeante. Les Idées existent dans un Monde extérieur à l'expérience sensible, accessible par cette faculté de l'âme qu'est l'intelligence. Les impressions sensibles qui proviennent des sens sont uniquement des images imparfaites et trompeuses. Il est impossible d'avoir une connaissance vraie, par l'expérience des choses sensibles qui sont seulement des copies des Idées. Ces dernières sont les seules entités réelles. L'ontologique platonicienne est un idéalisme réaliste qui pose que le réel, tel qu'il est en dehors de la connaissance, est idéel.

On retrouve le problème de l'existence d'entités intelligibles, dans la querelle des Universaux (philosophie scolastique), les « réaux », affirmant l’existence des Idées abstraites, se sont opposés aux nominalistes, affirmant seulement l’existence des individus désignés par le mot (Guillaume d’Ockham).

Cette forme d'idéalisme trouve son expression contemporaine la plus pure chez Gottlob Frege et Bertrand Russell ou encore Charles Sanders Pierce. Il y a un Esprit (non humain) qui a la primauté sur la matière. La connaissance humaine s'obtient par la mise en relation (en adéquation) entre la pensée et les Idées, c'est-à-dire par la correspondance univoque entre la pensée humaine et les Idées de l'Esprit. De nombreux mathématiciens sont platoniciens, au sens où ils croient en l’existence d'entités mathématiques indépendantes de la pensée.

Cet idéalisme est une doctrine métaphysique qui prétend connaître la nature de l'être. La pensée humaine accéderait directement aux Idées constitutives du monde, sans passage par un savoir empirique sérieux et fondé. Les intuitions intellectuelles sur l'être sont illusoires et ne peuvent être démontrées.