Revue philosophique

On nomme généralement « réalité » l'environnement tel qu'il nous est donné par l'expérience spontanée. La réalité se manifeste au travers de diverses qualités sensibles, ainsi que par la résistance qu'elle oppose à nos actions. Cette réalité-environnement apparaît au travers de ce qu'on nomme l'expérience. L’expérience permet de construire des faits et de les rassembler en une multitude de choses que nous attribuons à la réalité.

L’Homme a une relation interactive avec son environnement qui se construit progressivement pour chaque individu et selon une évolution historique pour chaque culture. Au sein de certaines cultures, cette expérience prend une tournure méthodique et positive que l'on appelle scientifique. Cela a une importance pour définir la réalité.

Il existe plusieurs attitudes vis-à-vis de la réalité. La première attitude, la plus spontanée, suggère que les choses perçues existent, là, devant nous, tout simplement. Il s'ensuit un réalisme qui considère que les choses que nous percevons existent telles que nous les percevons (à quelques pièges du sensible près).

Cependant, on peut avoir une attitude plus sophistiquée qui prend en compte l'expérience. Si on analyse la situation globalement, on s'aperçoit que les choses existent, au moins en partie, grâce à l'expérience que nous en avons. Sans notre perception et son organisation conceptuelle (notre expérience), la réalité n'existerait pas pour nous. Cette attitude est nommée constructivisme, car elle qui ramène la réalité à l'expérience qui la produit.

Dans la perspective constructiviste, si on regarde les formes d'expériences existantes, on peut en trouver au moins deux, l'expérience ordinaire et l'expérience scientifique. L'expérience ordinaire est spontanée et immédiate, l’expérience scientifique est méthodique et médiatisée par des techniques. À partir de cette distinction entre types d'expérience, on peut distinguer deux types de réalités, la réalité ordinaire et la réalité scientifique.

La réalité ordinaire est constituée par des choses, des événements, des personnes, des situations. Elle est limitée par les possibilités de l'expérience immédiate et de plus, elle est imprégnée de subjectivité. L'imagination, les croyances, l'intérêt, falsifient la réalité ordinaire qui prend une tournure déformée et trompeuse. Ce dont on doit tenir compte ! La réalité dans les sciences est constituée par des faits construits selon une expérience méthodique qui la rend objective et qui en étend le champ bien au-delà de l'expérience spontanée (vers des aspects imperceptibles et hors d'atteinte).

La réalité se donne par l'expérience, et, par conséquent, son efficacité dépend de la qualité de l'expérience. La manière scientifique de saisir la réalité est dite « objectivante ». Elle épure la réalité pour n'en garder qui ce qui présente des garanties d'existence indépendante. Bien qu'elles ne fournissent qu'une connaissance partielle et toujours en évolution de la réalité, les sciences en donnent une vision bien plus large et plus assurée que l'expérience ordinaire.

Depuis l'Antiquité le problème des limites de l'expérience a reçu des réponses diverses.  À partir d'Emmanuel Kant, il semble établi que l'expérience soit nécessaire pour connaitre ce qui existe, mais qu'il y a un reste. Ce qu'il a nommé noumène ou chose en soi. Nous l'appelons réel pour insister sur son existence effective. On peut concevoir l'objectivité dans les sciences comme une adéquation au réel qui la sous-tend et la détermine. 

Voir la définition du réel.