Concernant les individus humains, dans le langage courant et d'un point de vue pragmatique, le corps est l'apparence concrète, vivante, objectivable, et l'esprit correspond aux productions intellectuelles mentalisées, à la pensée. C’est une conception spontanée, adaptée à la vie ordinaire. Dans la conversation courante, il est souvent nécessaire d'utiliser les termes corps et esprit au titre de catégories empiriques communément admises.
Dans la philosophie d'inspiration cartésienne, l’esprit est l'ensemble des sensations, sentiments, pensées, rapportés à une substance spirituelle et le corps l'apparence concrète et les phénomènes vitaux, rapportés à la substance étendue. Cette attitude répond au dualisme des substances. À la substance pensante s'oppose la substance étendue.
On assiste fréquemment au mélange de la conception ordinaire avec la conception cartésienne. Le corps est alors considéré comme une substance matérielle saisissable concrètement (objectivement) et l’esprit une substance spirituelle se manifestant subjectivement. C’est une position théorique qui engendre le problème insoluble du rapport des deux.
Le problème de la relation entre corps et esprit, reposant sur le postulat initial d'une séparation radicale entre les deux, est a priori insoluble. Et, de fait, depuis Descartes, le problème philosophique des rapports entre le corps et l’esprit (le « mind-body problem » de la littérature anglo-saxonne) est resté sans solution.
Devant cette difficulté, des propositions philosophiques consistant à rompre avec le dualisme sont apparues, propositions permettant d'éliminer ce type de problème.
Spinoza définit l'homme comme l’union de deux modes, un corps et une âme, leur récusant une nature substantielle. Les deux entités corps et esprit se fondent, mais leur statut et leurs relations restent définies de manière métaphysique.
L'alternative au dualisme la plus répandue, le matérialisme, ne considère qu'une unique substance matérielle constitutive du corps. L'esprit, rapporté à des états ou phénomènes mentaux, est une fonction du corps ou un épiphénomène des processus neuronaux.
Compte tenu des différences dans les conceptions philosophiques, il est préférable de rapporter les notions de corps et d'esprit au contexte dans lequel elles prennent sens et de les référer aux auteurs qui les emploient.
Dans les sciences, à la notion ordinaire de corps, se substituent les objets des différentes sciences biologiques et médicales (anatomie, physiologie, cytologie, immunologie, biochimie, etc.). À la notion d’esprit se substituent les divers objets des sciences de l’Homme (psychisme, cognition). Ces objets épistémiques sont différents des notions ordinaires et ne peuvent être assimilés à des substances.