Nous reprenons ici quelques uns des thèmes de l'article Les « gilets jaunes », quand la France se cabre (25 novembre 2018) de Michel Wieviorka, Sociologue, Président de la FMSH, Fondation Maison des Sciences de l'Homme (FMSH).
À l’heure où dans de nombreux pays les difficultés sociales, les inquiétudes, les problèmes du déclassement, de la précarité ou de la mobilité descendante aboutissent au populisme, au nationalisme et à l’extrémisme, la France donne une image singulière : celle d’une société où s’exprime un mouvement social différent, éloigné des tendances mondiales.
Ce mouvement s’inscrit dans une de société qui change rapidement depuis une trentaine d’années sous l’effet de la mondialisation, avec la déstructuration de l’État-providence et la sortie de l’ère industrielle. Le remaniement économique se fait au détriment d'une partie de la population.
S’il est défensif, et classique dans ses significations, il est moderne dans ses formes : mobile et par ailleurs capable d’ancrage local, il utilise les téléphones mobiles et les réseaux sociaux.
Le mouvement fait apparaître une France qui se cabre, qui s’indigne, qui demande à être respectée et entendue, qui voudrait une autre politique sociale, plus de démocratie aussi. Il s'agit cependant d'un mouvement de révolte sans vision politique dans lequel aspects complotistes ne manquent pas. « Mais cela n’interdit pas de réfléchir au traitement politique de ses demandes » écrit Michel Wiervorka.
Ces brusques explosions de protestation violentes, sans idéologie précise, laisse le philosophe perplexe. Les trois thèmes massivement mobilisateurs sont le « pouvoir d'achat » ou dit plus simplement la pauvreté, le sentiment d'une injustice fiscale, et le manque de souveraineté populaire (le fait de n'être ni considéré, ni entendu). L'évaluation de ces aspects et du mode de protestation adopté relèvent de la sociologie. Quant à la prise en compte des problèmes et les remèdes éventuels, ils relèvent du politique.
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