Ontologie du social

 

Notre propos se limitera aux sociétés humaines. L’Homo sapiens a développé des sociétés de plus en plus vastes et complexes. Peut-on supposer une existence réelle du social ? Nous interrogerons la possibilité d'un niveau d’organisation autonome, ayant une existence réelle, susceptible de produire les divers aspects sociaux empiriquement répertoriés. 

Homo sapiens developed increasingly large and complex societies. Can we assume an existence of the social, in the same way as that of the physical or the biological? We will question the possibility of an autonomous level of organization capable of producing the various social aspects empirically listed.

Pour citer cet article :

Juignet, Patrick. Ontologie du social. Philosophie, Science et Société. 2023. https://philosciences.com/niveau-social. 

Plan :


1. Le problème du social
2. Quelle existence pour le social ?
3. Une existence diversifiée
Conclusion : identifier le social


 

Texte intégral :

1. Le problème du social

Une nouvelle querelle des méthodes

La querelle des méthodes initiale a opposé les tenants d’une explication générale et ceux d’une compréhension particulière. Les courants, positiviste voulant expliquer et trouver des lois, puis structuraliste (explication par des structures plutôt que par des lois) ont pris le dessus au milieu du XXe siècle. Tous admettaient l’idée d’une possible objectivation des faits sociaux. Contre cette attitude s’est développé l’épistémologique dite nominaliste. Celle-ci prend une position radicale, selon laquelle les catégories, les théories ou les modèles que nous utilisons pour comprendre le monde social ne sont que des conventions plutôt que les reflets d'une réalité solide. Les défenseurs de ce point de vue sont sceptiques quant à l'idée qu'il existe des structures sociales ou des entités indépendantes de notre manière de les conceptualiser. Ces problèmes d’épistémologie sont de nos jours posés sous forme d’une alternative excluante (conventionnalisme ou réalisme ; individu ou institution). Les sociologies relativisantes choisissent la première option.

Ce relativisme épistémologique s’associe fréquemment à une approche pragmatique. Cette volonté n’est pas critiquable en soi. Elle l’est, si elle prétend se substituer à l’approche scientifique. Nous verrons au chapitre sept qu’une approche pragmatique a un intérêt pour décrire et juger les actions humaines et de leurs conséquences. La façon dont on aborde l’étude des sociétés change la réponse à la question du social. Un abord plutôt historique et civilisationnel donne la vision d’une réalité sociale contingente, liée à des actions collectives qui changent le cours de l’histoire. Un abord plutôt global et sociologique donne la vision de structures qui s’imposent et restent permanentes malgré les changements. Certains aspects de la querelle des méthodes initiale[1] restent aujourd’hui d’actualité, car difficiles à trancher.

Nous avons choisi ici de nous appuyer sur les courants plutôt positivistes et structuralistes qui tentent de fonder scientifiquement l’étude des sociétés. En effet, notre recherche ontologique s’appuie exclusivement sur ce type d’études. Cette approche objectivante est possible en sociologie. En effet, si la réalité est bien construite par l’expérience, elle n’en comporte pas moins certaines possibilités d’objectivation dans le social, comme ailleurs. C’est un problème de méthode. La réalité sociale est particulière, ce qui engendre des difficultés importantes pour la saisir sans biais majeurs. Pour les surmonter, il faut une méthode particulière.

Brièvement dit, la méthode doit résoudre les dilemmes posés par la quasi-identité entre l’observateur et l’observé, et le redoublement occasionné par des faits sociaux eux-mêmes produits par des humains. Pour parvenir à les objectiver, plusieurs procédés complémentaires sont nécessaires. Tout d’abord, la réflexivité, c'est-à-dire le retour du chercheur sur sa méthode et ses concepts pour les corriger de leur partialité. Partialité due au fait qu’il vit lui-même à titre de personne au sein d’une société et que la sociologie fait partie de la culture qui la produit. Il faut donc une distanciation qui peut être obtenu par un retour critique sur soi (comme individu social) et sur la discipline (comme produit culturel). Ensuite, un autre procédé de rectification des biais est donné par des comparaisons historiques ou interculturelles, permettant de voir les différences. La répétition au fil des générations de chercheurs finit par produire des descriptions assez sûres des faits à expliquer. Des mesures statistiques peuvent venir appuyer et conforter la valeur des faits mis en évidence.

L’autre motif de querelle épistémologique contemporaine est l’opposition entre individualisme et institutionnalisme. Nous suggérons qu’elle puisse être dépassée. En effet, le social et les formes qu’il prend n’existe pas sans institution pour les porter et les maintenir. Mais, il n’existe pas non plus sans individus. Réciproquement, une société faite d’individus isolés et sans liens ni institutions n’existe pas. D’évidence, individus, liens sociaux et institutions, sont tous nécessaires au social. Ce qui porte les institutions est nécessairement construit et porté par des personnes et plus particulières pas leurs schèmes cognitifs (plus ou moins élaborés par la pensée consciente) permettant des actions de maintien des institutions et des formes sociales. L’opposition individu société est une mauvaise opposition qui rend opaque, nie leur coexistence.

Repères épistémologiques et ontologiques

L’approche proposée ici s’appuie sur une épistémologie spécifique la fois constructiviste et réaliste[2], selon laquelle un domaine scientifique se définit par les faits et théories mise en évidence par les recherches. La diversité des savoirs s’appliquant aux sociétés et leurs divergences théoriques ne facilite pas la réponse.

Le premier aspect qui nous intéresse concerne la réalité factuelle des manifestations sociales, celles qui sont saisies empiriquement par les sciences sociales. La plupart soient d'accord pour admettre que les actions individuelles ne sont pas suffisantes pour constituer une société et qu’il y a des relations sociales observables qui peuvent être constituées en faits. Il n’y a pas de consensus, mais malgré leurs divergences, un grand nombre de chercheurs en sciences sociales sont d’accord sur ce point : on peut décrire des faits typiquement sociaux. Nous tiendrons cela pour acquis. Si l'on admet qui y a bien un domaine du social empirique identifiable, une réalité sociale, le second problème est de savoir si cette réalité factuelle a un fondement réel. Peut-on donner un statut d’existence ontologique intrinsèque au social ? La tentative de réponse à cette question se fera dans le cadre d’une ontologie pluraliste et émergentiste définie ailleurs[3].

Par ailleurs, elle permet de surmonter les difficultés qu’a rencontrées Émile Durkheim. pourtant sur la bonne voie lorsqu’il dit que « le système formé par l’association des individus représente une réalité spécifique qui a ses caractères propres »[4], bute sur une difficulté pour situer ce système. Faute d’un concept ontologique adapté, il est conduit à supposer un « être psychique nouveau » qui aurait une individualité propre. Comme le note Bernard Lahire, Durkheim a tendance à opérer une personnification métaphysique du social[5]. Pourtant, si la réponse est erronée, le problème est juste. S’il y a une théorisation du social comme système (ou plus exactement comme ensemble complexes de systèmes), il est utile de définir à qu’elle forme d’existence cela renvoie (ou pas, si on ne l’estime pas nécessaire).

Claude Lévi-Strauss notait en 1958 : « Le principe fondamental est que la structure sociale ne se rapporte pas à la réalité empirique, mais à des modèles construits d’après celle-ci »[6]. Les structures sont évidemment des modèles opératoires construits par les chercheurs. Cependant, elles sont élaborées d’après la réalité empirique objectivée ; sinon ce seraient de simples abstractions fantaisistes. Le problème est alors : à quoi se « rapportent-elles », pour reprendre les termes de Lévi-Strauss ? Si elles sont établies sérieusement, scientifiquement, ces théories répondent à des faits objectivés et vérifiés et elles sont donc en adéquation avec la réalité. Or la réalité est construite par l’expérience conduite selon la méthode adoptée par la connaissance, ici la sociologie qui se veut scientifique. Si elle est pertinente, cette méthode teste ce qui résiste dans la réalité : le réel du social qui sous-tend les faits sociaux.

Réel et réalité sont les deux faces d’un même pièce. Cependant, la face réalité est modelée par l’expérience et il faut que cette expérience bute sur une résistance, quelque chose qui existe hors d’elle pour avoir une pertinence, une adéquation, une objectivité. Ce que nous nommons le réel. Cette attitude réaliste peut être appliquée aux sciences sociales. Bien évidemment, la position réaliste ne suppose pas que le social ressemble à dit la théorie, mais seulement qu’il existe, sous une forme ou une autre. L’ontologie pluraliste qui nous sert de référence permet d’envisager une existence réelle du social comme niveau d’organisation qui viendrait simplement s’ajouter aux autres formes d’existence du même type. Il faut bien comprendre que cette conception ne suppose pas une existence statique, qui aurait toujours été là. Le social n’existe que s’il se crée par l’association d’un nombre suffisant individus humains reliés entre eux de façon stable par un réseau d’interrelations, interactions, interdépendance qui, une fois constitué, a une force déterminante. Nous le nommons une forme d’organisation.

Notre recherche laissera de côté les sociétés animales et les controverses associées (les colonies, les agrégats, symbioses, hordes, meutes, troupeaux, sont-ils ou pas des sociétés ?). Si de très nombreux organismes vivants s’organisent et entrent dans des relations complexes, le seuil à partir duquel se constitue une société reste à définir. Tout regroupement ne peut pas être déclaré société sans à tomber dans une extension abusive du concept. Notre propos se restreindra aux sociétés humaines desquelles il nous faut, pour débuter, donner une définition élémentaire. La façon de procéder sera la même que pour le cognitif. Nous interrogerons les sciences sociales existantes (y compris concurrentes) sur les faits sociaux et leurs théories explicatives et, à partir de là, nous nous demanderons si on doit supposer un niveau d’organisation social. Ces disciplines identifient-elles une forme d’existence qui aurait une stabilité suffisante pour générer les faits sociaux étudiés ?

Pour débuter, compte tenu de la diversité des points de vue, nous commencerons par une définition sommaire du fait social. Nous avons choisi trois caractères qui ont paru nécessaires : le caractère collectif, le caractère contraignant, la médiation culturelle et institutionnelle. Il y aura société à partir du moment où des faits sociaux ont identifiables, ce qui pour les humains impose un seuil critique : un certain développement de l’espèce tant en nombre que sur le plan culturel. Là aussi, nous laisserons de côté les querelles sur le sujet de savoir à quel moment de l’évolution cela s’est produit. Mais, ce qui est sûr, c’est que cela s’est produit.

Un fait, pour être qualifié de social au sens simplement descriptif, doit concerner un grand nombre d’individus (parfois tous les individus). Nous donnerons l’exemple du tourisme de masse. Il est pratiqué avec joie par des centaines de millions de personnes. C’est une industrie qui demande une très forte organisation à laquelle contribuent les États, les institutions locales (mairies, départements, associations) et les particuliers (hôteliers, commerçants, loueurs, etc.). L’ensemble est soutenu par une culture du loisir, de la découverte, du voyage, du farniente, etc., qui est promue par de nombreux médias.

Les conduites s’imposent, que les individus le sachent ou pas, avec ou sans coercition. La plupart du temps, c’est sans coercition, car les déterminations sont intégrées et ignorées. Les mœurs sont typiques de ces faits sociaux qui s’imposent spontanément. Ils sont largement répandus, respectés spontanément, et, si besoin est, ils sont imposés par des lois.

La réalité sociale a un pouvoir contraignant qui lui est propre.

« L’ordre invisible, l’ordre de cette vie sociale que l’on ne perçoit pas directement avec les sens, n’offre à l’individu qu’une gamme très restreinte de comportements et de fonctions possibles. Il se trouve placé dès sa naissance dans un système de fonctionnement [organisé en] structures très précises »[7].

Le fait social ayant été caractérisé, voyons quels domaines empiriques sont concernés. Nous tombons sur une difficulté, car ils sont très nombreux et divers. Le domaine le plus évident est celui de l’ordre. On constate toujours dans les sociétés humaines à un ordonnancement très vaste qui va des relations de parenté, la constitution de famille, la régulation sexuelle, la répartition des rôles entre homme et femmes, la division du travail, les hiérarchies, la division en classes ou castes. On va voir qu’il recoupe un autre domaine important. Un autre domaine majeur est celui de l’économie. Il concerne des modes de production des biens et services et des divers artefacts intermédiaires (servant à produire, à se déplacer, à communiquer, etc.). C’est aussi la distribution des biens par le troc, les échanges marchands, et les mouvements liés à ces échanges.

Toutefois, ce sont aussi des conduites individuelles comme le fait de suivre une mode, de pratiquer un sport et même le suicide, thème de la thèse quasi inaugurale d’Émile Durkheim pour la sociologie. Précisons de quoi il s’agit. Contrairement à ce qui a été dit, Durkheim ne montre pas que « le suicide est un fait social »[8] mais plutôt qu’il peut, aussi, être un fait social. Le suicide est un fait individuel, mais il devient fait social si on considère les caractéristiques énoncées au-dessus : son aspect collectif, contraignant et si l’on cherche dans les conditions sociales ce qui a pu le déterminer. C’est ce que fait Durkheim. Il le considère sous cet angle du social (qui n’exclut pas les autres). Cela montre qu’il y a bien un aspect de construction du fait social par la sociologie.

Parmi les faits sociaux caractéristiques, on trouve des institutions telles qu'elles ont été définies par Émile Durkheim (religieuses, militaire, administratives, éducatives, productives) qui organisent les interdépendances, transmettent la culture, maintiennent et reproduisent l’ordre social. Les règles demandent une capacité à les comprendre, à les suivre, à les transmettre. Elles renvoient par conséquent au cognitif et au culturel qui doivent être situés par rapport au social ; ce qui renvoie, lorsqu’on passe à un positionnement pragmatique, à la discussion politique de l’ordre social qui dépasse notre d’étude.

La question à laquelle nous allons tenter de répondre en premier lieu est donc la suivante : des faits classables dans la catégorie du social, telle que nous venons de la définir, ont-ils été suffisamment objectivés par les diverses sciences sociales pour constituer un domaine factuel ayant une existence empirique incontestable et y a-t-il des théories sociologiques qui les expliquent ?

2. Quelle existence pour le social ?

Économie et société

Le point de vue marxiste

Le point de vue marxiste sur la société est intéressant pour notre propos. Il a été développé à partir 1846 dans L'Idéologie allemande d’abord, puis dans Le Capital. L’appellation de matérialisme est trompeuse, car Marx ne développe pas une métaphysique de la matière. Elle vient de l’opposition à idéalisme hégélien. Il s’agit plutôt d’un économisme et d’un appel au concret. Karl Marx met en avant le rôle de la fabrication des biens, de leur circulation, des moyens de les produire industriellement et de l’argent. Il nomme infrastructure cet ensemble et tente d’en donner une loi générale qu’il nomme « loi de la valeur ».

Il note que « la lutte millénaire pour l’appropriation des biens » prend une forme particulière au XIXe siècle par l’accumulation du capital qui permet d’acheter les moyens de production maintenant industrialisés. Marx et Friedrich Engels mettent en évidence que le système capitaliste de production et de distribution des biens dépasse les individus et produit des effets collectifs. C’est bien là le social : quelque chose de déterminant qui dépasse les individus et a des effets sur eux.

Marx et Engels distinguent deux niveaux d’organisation de la société. L'infrastructure (ou base économique) se compose des forces productives (les moyens de production et le travail humain) et des relations de production (les rapports sociaux qui en découlent).

« L'ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s'élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées »[9].

La superstructure engloberait les institutions politiques, les formes juridiques, la culture, la religion et les idéologies qui en découlent. Marx soutient que l'infrastructure économique détermine, en dernière instance, la superstructure. Même si on conteste cette hiérarchie, il est évident que le système économique participe massivement à la constitution de l’organisation des sociétés.

L'auto-organisation du socio-économique

L’école sociologique systémique contribue à donner des arguments. Friedrich Hayek et Niklas Luhmann empruntent les idées de la théorie des systèmes, à partir des années 1960, pour l'appliquer à la société. Ces auteurs théorisent la production d’un ordre social non intentionnel. Ils se sont aidé des théories de l’auto-organisation qui mettent en évidence l’existence de systèmes dont le fonctionnement ne peut pas être contrôlé par un agent.

Hayek ne défend pas l’idée d’une régulation spontanée du social. Pour cet auteur, l'organisation de la société résulte d'un ordre spontané, qui est d’une grande complexité et que l’on ne connaît que partiellement. De ce fait, il est impossible de prétendre le modifier sans le pervertir. C’est voué à l’échec. Cet auteur s’est concentré sur l’économie et a prôné une attitude ultralibérale en matière économique. On remarquera la contradiction flagrante. Cette attitude impose en vérité une intervention pour imposer un marché concurrentiel et la possession du capital, qui n’est donc pas un ordre spontané, mais institué. Ce dans le cadre d’un capitalisme déjà évolué du XXe siècle.

Autrement dit, pour aller plus loin dans le raisonnement, ordre spontané et ordre voulu se mélangent et ne sont pas opposables. L'ordre voulu est un ordre pensé qui fait partie du social. L'auto-organisation sociale n'est en rien comparable à celle des atomes entre eux. Elle inclut les lois, normes et décision humaines. Il n’est pas intéressant de cliver et d'opposer les ajustements sociaux automatiques aux ajustements voulus. Tous deux participent à l’organisation du social.

Cela étant, nous partageons l'avis de Friedrich Hayek sur un point, celui de la complexité. Il affirme qu’on ne peut comprendre parfaitement l'ensemble du système socio-économique. Les règles de conduite qui gouvernent nos actions et les institutions qui se dégagent de cette régularité sont des adaptations séculaires, si bien qu'il est impossible de tout analyser explicitement et consciemment. Plus précisément, deux points de vue sont confondus dans ce raisonnement : celui pratique des acteurs sociaux qui ne peuvent tout comprendre et doivent agir et celui théorique des sciences sociales qui proposent des modèles cohérents. Comme le dit Eva Dabray dans sa thèse de doctorat sur L’ordre social spontané, le terme d’auto-organisation est un terme commode pour rendre compte, dans le champ social, de phénomènes de production non intentionnelle d’un ordre social, et donc d'un niveau d'organisation social identifiable.

Lien social, économie et politique

Toute économie demande de produire, transporter, échanger. Chacune de ces activités demande du travail et une répartition des tâches. Plus l’économie est sophistiquée, plus cette répartition est complexe et implique des liens sociaux de divers ordres qui se maintienne, faute de quoi le secteur économique ne fonctionne pas. L’économie produisant des richesses, il faut les répartir ces richesses. Cette répartition est déterminée par les hiérarchies, les redistributions, les appropriations, qui instaurent des relations sociales. D’autres types de liens sociaux se créent simultanément. En particulier des relations de domination pour s’approprier les richesses au détriment des autres.

Produire, transporter, échanger, répartir, les biens et services implique des formes d’organisations sociales qui se maintiennent un certain temps. Cela impose une division du travail et plus généralement une augmentation du nombre des rôles et fonctions sociale au fur et à mesure que les sociétés croissent. Cette différenciation des fonctions au sein des sociétés impose une organisation de plus en plus complexe et intense faute de quoi elle devient une fragmentation qui désintègre la société.

D’autres types de liens sociaux se façonnent dans ce cadre. Ainsi, pour Marcel Mauss l’échange sur le mode donner, recevoir, rendre, constitue une part essentielle du lien social. Au-delà de l’échange économique, il est porteur d’une partie affective et symbolique. Ces échanges manifestent la coopération, la hiérarchie, le respect mutuel, la sollicitude au sein du groupe humain. Par ce fait, autre chose que de l’utile (les biens et services) circule dans la société. Ils impliquent des formes de raisonnements élémentaires, conscient ou pas. Ils nécessitent de repérer un ordre social, de s’y inscrire. Au plus simple, il faut admettre une réciprocité entre soi et l'autre, seule façon de donner et recevoir équitablement. Il faut aussi comprendre l’ordre régissant le social, ordre par lequel le juste et l’injuste se définissent. Au-delà de l’échange économique, l’échange a aussi une part affective et symbolique.

La synthèse de Norbert Elias

Une synthèse exemplaire a été proposée par Norbert Elias dès 1939. Pour cet auteur, la réalité sociale a un pouvoir contraignant qui lui est propre. Norbert Elias, dans La société des individus, écrit :

« L’ordre invisible de cette vie sociale que l’on ne perçoit pas directement avec les sens, n’offre à l’individu qu’une gamme très restreinte de comportements et de fonctions possibles. Il se trouve placé dès sa naissance dans un système de fonctionnement [organisé en] structures très précises »[10].

Le social trouve son support, dans les fonctions interdépendantes, dont la structure donne aux groupes humains leurs caractères spécifiques. L’environnement social est fait d'interactions, de dépendances, de hiérarchies qui préexistent à l'individu, qui lui-même y contribue par sa pensée et ses actes. Une série de boucles interactives se constitue entre les individus et leur société.

« Le tissu de fonctions interdépendantes par lequel les hommes se lient les uns aux autres a son propre poids et sa propre loi »[11] et de ce fait, on peut lui attribuer une existence. Le social semble bien avoir une existence que l’on peut théoriser.

Le thème est repris en 1977 dans La dynamique de l’Occident :

« Les plans et les actes, les mouvements émotionnels et rationnels des individus s’interpénètrent continuellement dans une approche amicale ou hostile. Cette interpénétration fondamentale des plans et des actes humains peut susciter des transformations et des structures qu’aucun individu n’a projetées ou créées. L’interdépendance entre les hommes donne naissance à un ordre spécifique, ordre plus impérieux et plus contraignant que la volonté et la raison des individus qui y président »[12].

Cet ordre détermine l’évolution historique et le processus de civilisation. Il n’est ni rationnel, ni irrationnel, ni spirituel, ni naturel. Le social ne répond pas à ce genre d’opposition. Cet ordre obéit à des lois qui lui sont spécifiques. C’est à juste titre que Norbert Elias souligne que les oppositions habituelles (rationnel/irrationnel, spirituel/naturel) empêchent de penser correctement le social. Elias concilie le point de vue pragmatique (considérant l’action des individus, leurs buts), un point de vue empirique (les faits sociaux), avec une ontologie du social comme ordre ou structure historiquement constituée. Elias tend à admettre une existence réelle et effective du social.

« Le tissu de fonctions interdépendantes par lequel les hommes se lient les uns aux autres a son propre poids et sa propre loi »[13].

On peut interroger cette méthode qui est particulièrement intéressante pour notre recherche. Le point de vue pragmatique considère des individualités interagissantes (individualités au sens large). Il se différencie du point de vue qui s’intéresse à l’existence du social. Les deux sont légitimes. À un moment de l’histoire humaine, les individualités interagissantes, personnes, mais aussi choses, moyens d’échanges, activités productives, règles, institutions, etc., forment une organisation telle qu’il est nécessaire de lui attribuer une existence. C’est le moment où cet ensemble organisé prend une force déterminante qui va agir sur les individus. Autrement dit, c'est le moment où le point de vue pragmatique ne permet plus une suffisante explication, car les individualités subissent des contraintes issues de leur combinaison. On est en droit de supposer que c’est à ce moment qu’émerge le social comme réel déterminant.

La conception ontologique qui nous guide permet de désigner des domaines purement factuels, des champs de la réalité, vis-à-vis desquels il est inopportun de supposer un substrat réel. Ce débat traverse les sciences sociales. Doit-on considérer les sociétés comme des réalités exclusivement factuelles, à étudier de façon pragmatique qui sont finalement toujours particulières, façonnées par l’histoire ? Au-delà de cet aspect, peut-on considérer que la sociologie bute sur un réel, constitutif du social comme tel, qui aurait alors un caractère général ?

Bernard Lahire et les structures fondamentales du social

Dans Les structures fondamentales des sociétés humaines, Bernard Lahire s’essaye à une socio-anthropologie intéressante. Il désigne comme objet de son travail « la structure sociale fondamentale », « l’organisation sociale »[14]. La cartographie du social qu’il dresse s’appuie sur l’identification de lignes de force et des grands faits anthropologiques. Il dresse le tableau complexe une anthropologie sociale qui relie individu et société.

Si, comme l’écrit Lahire, « derrière les multiples travaux des sciences sociales se cachent des mécanismes sociaux en nombre limité »[15], alors, il y a une unité du champ sociologique. Selon cet auteur, les sciences n’ont cessé de « mettre en évidence le caractère relationnel du réel, conduit à penser qu’il n’y a de science sociale que relationnelle [...] »[16] Pierre Bourdieu parle également d’un réel relationnel. Nous le formulons sous la forme proche de l’hypothèse organisationnelle du réel. Appliqué au social, cela va dans le sens de supposer un niveau du réel social qui sera organisationnel ou relationnel. Cette thèse peut être située dans le cadre de l’ontologie pluraliste et réaliste que nous défendons. Elle suppose que les sciences fondamentales se heurtent à une strate du réel qui leur résiste. Elles y accèdent au travers de la réalité factuelle[17]. Le niveau ainsi touché, ici le niveau social, se caractérise par le fait d’avoir une structuration, une organisation, du relationnel, qui le caractérise et le différencie.

Raymond Boudon, pourtant promoteur de l’individualisme méthodologique[18], note que si le sociologue étudie des faits singuliers, des régularités statistiques, il cherche aussi à mettre en évidence des relations générales. « Son analyse tend très généralement à mettre en évidence les propriétés du système d’interactions responsable […] »[19]. Autrement dit, les faits mis en évidence par le sociologue sont explicables par la structure du système d’interactions qui les produit. Même le point de vue individualiste va dans le sens de mettre en évidence l’aspect systémique de la société. En revanche, rien chez cet auteur ne laisse supposer un réel propre au social.

3. Une existence diversifiée

Georg Simmel, l’un des fondateurs de la sociologie, est intéressant au titre d’une approche plurielle.

 « La société, écrit Simmel, n’est pas un être simple dont la nature puisse être exprimée tout entière dans une seule formule. Pour en avoir la définition, il faut sommer toutes ces formes spéciales de l’association et toutes les forces qui en tiennent unis les éléments »[20].

La société correspond à une multitude de formes et des processus de socialisation. La sociologie doit aussi considérer une diversité des formes et de niveaux dans la société, comme la biologie considère une diversité de formes et de niveaux dans le vivant. Une même société à un instant donné se compose d’une multitude de niveaux. Les évolutions historiques et culturelles sont d’évidence très diverses. Une ontologie relationnelle ou structurale du monde social paraît plausible pour Laurence Kaufmann et Laurent Cordonier. Il faut aussi expliciter l’interdépendance constitutive des institutions, des positions sociales, des dispositifs matériels, des pratiques et des représentations[21]. Les tenants d’une véritable sociologie de la relation soutiennent une thèse de nature ontologique : « le monde social est produit et reproduit par des relations, non par des individus autosuffisants et indépendants les uns des autres » écrit Laurence Kaufmann dans La ligne brisée en 2016.

S’il y a bien un niveau social réel (existant effectivement), il n’est en aucun cas simple et homogène. À ce titre, bien que le soubassement ontologique de référence ne soit pas le même, on peut réfléchir, comme le fait Laurence Kauffman, à une « ontologie feuilletée » de la société[22]. Combien de feuillets, c'est-à-dire de sous-niveaux doit-on considérer ? Le problème est difficile, car les sociétés sont étudiées par de nombreuses sciences sociales qui ont des objets différents et des méthodes divergentes. Il est pour l’instant impossible de se prononcer. C’est l’avenir des recherches qui en décidera.

On peut également citer les travaux de Michel Grossetti qui propose une méthode qui lui est propre. Il avance plusieurs principes. Nous retiendrons seulement deux d’entre eux qui nous intéressent particulièrement. Il fait référence à l’émergence, qui est un pilier de notre réflexion, et à l’appui sur les données empiriques objectives, qui est une condition indispensable : il parle de « l'adoption d'une approche « émergentiste » qui permet de rendre compte de la constitution d'entités à un niveau donné sans surcharger les autres niveaux ni réifier les entités, processus ou relations considérés. » Et : « l'obligation de fonder, dans la mesure du possible, les catégories proposées sur les méthodes d'enquête en sciences sociales »[23].

Dans une ontologie des niveaux d’organisation, les grands niveaux identifiables ne sont pas d’un seul bloc. Ils comportent des sous-niveaux imbriqués. Pour ce qui est du social, le niveau d’existence peut être envisagé grâce au regroupement d’études sociologiques diverses. Il rassemble divers types d’organisations en interaction les unes avec les autres. La difficulté signalée au début du nombre infini de faits sociaux et du flou du domaine empirique concerné se comprend par la thèse de l’émergence, qui est un processus fondamentalement dynamique. Le social se constitue dynamiquement comme tel et prend progressivement dans son mouvement constituant divers aspects de la vie humaine. Signalons que nous arrivons à cette conclusion en ayant privilégié l’abord structurel et sociologique, plutôt qu’historique et civilisationnel.

Conclusion : identifier le social

La question du « social » comme fondement réel des sociétés, reste en suspens. « À cette question apparemment simple, plusieurs réponses ont été apportées, mettant en avant des facteurs de nature différente », écrit Pierre Grelley[24]. Le social a-t-il une existence propre quelle que soit la société considérée. La pertinence de ce problème d’un réel social est contestée par les courants empiriste et pragmatiste qui préfèrent s’en tenir à la description de la diversité des sociétés. Cette tendance récuse l’existence de rapports sociaux fondamentaux et préfère décrire la diversité contextualisée des faits sociologues. Il n’y aurait pas de propriétés transculturelles ou transhistoriques caractérisant le social[25]. La « méfiance à l’égard d’un réel structuré et de tous les moyens permettant d’approcher ces structures »[26] touche de larges pans de la sociologie.

Il est tout à fait possible de s’en tenir à la description factuelle en se situant alors dans une approche empirique. On se limite aux faits sociaux et la théorie qui les explique est considérée comme un simple instrument de compréhension. Cependant, si les sciences fondamentales démontrent des lois, trouvent des régularités, ce n’est pas par miracle. Elles le doivent à une contrainte, un déterminisme, que nous rapportons à un réel perdurant sur lequel, elles viennent buter en le testant empiriquement. Le social a un aspect factuel (les faits sociaux) saisi empiriquement par les diverses sciences sociales qui s’en occupent.

Ces faits constituent un domaine d'objectivé difficilement réfutable. Nous défendons l’idée qu’il y a là un champ de la réalité identifiable. À partir de ce constat, peut-on faire l’hypothèse d’un réel existant intrinsèquement ? La réalité sociale empiriquement constatée semble soutenue par quelque chose qui existe et s’impose. L’association entre faits et théories, si l'on adopte une posture réaliste, renvoie à l’existence d’un réel social corrélatif à la réalité sociale. Sans le formuler de cette façon, certains courant de la sociologie et de l’anthropologie culturelle vont dans ce sens. D’autres non[27], si bien que notre thèse doit être affirmée avec prudence.

Cette forme d'existence supposée n’est ni essentielle, ni substantielle. Elle émerge dans la collectivité humaine lorsque celle-ci a pris une ampleur et une densité suffisante. Ce qui revient à dire que la réalité sociale objectivée est soutenue par un degré d’organisation tenant ensemble ce qui la compose qui n’est pas préexistant. Notre principal argument est fondé sur le fait que les approches sociologiques mettent en évidence des contraintes venue du collectif. Ce déterminisme venu du collectif laisse supposer un réel intrinsèque qui émerge lorsqu’une collectivité humaine soudée par diverses dépendances économiques et politiques, par une culture et des institutions, devient contraignante pour les individus. L’existence d’un réel social est une thèse plausible qui peut donner une dynamique à la sociologie.

Divers arguments plaident pour donner une importance majeure à la culture dans la genèse du social, ce qui fera l’objet d’un autre article.

Notes

[1] À la fin du XIXe siècle.
[2] Qui va à l’encontre du relativisme et de l’irréalisme dans lequel sont tombées une partie des sciences sociales.
[3] Juignet, Patrick. Arguments en faveur d’une ontologie pluraliste. Philosophie, science et société. 2023. https://philosciences.com/arguments-ontologie-pluraliste.
[4] Durkheim Émile, Textes I, Eléments d’une théorie sociale, Paris, Minuit, 1975, p. 365.
[5] Lahire Bernard, Dans les plis singuliers du social, Individus, institutions, socialisation, Paris, La découverte, 2019, p. 79.
[6] Lévi-Strauss Claude, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958, p. 305.
[7] Elias Norbert, La société des individus, Paris, Fayard, 1991, p. 49.
[8] Grawitz Madeleine, Méthode des sciences sociales, Dalloz, Paris,1974, p. 108.
[9] Marx Karl, (1859) Préface Critique de l’économie Politique, Œuvres I, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, p. 269 à 452.
[10] Elias Norbert, La société des individus, Paris, Fayard, 1991, p. 49.
[11] Ibid. p. 50-51.
[12] Norbert Elias, La dynamique de l’occident, Paris, Calmann-Lévy, 1977, p. 182-183
[13] Elias, Ibid., p. 51.
[14] Lahire Bernard, Les structures fondamentales des sociétés humaines, Paris, La Découverte, 2023, p. 905 et 909.
[15] Ibid., p. 22.
[16] Ibid., p. 329.
[17] Juignet, Patrick. Une ontologie pluraliste est-elle envisageable ? Philosophie, science et société. 2022. https://philosciences.com/ontologie-pluraliste.
[18] Un phénomène social n'est convenablement expliqué que si on réussit à le décomposer en ses "unités élémentaires" que sont les comportements individuels. On devrait expliquer le comportement de l’acteur social que par les raisons qu'il donnerait lui-même (Boudon, Raymond, L'idéologie, Paris, Fayard, 1986).
[19] Boudon Raymond, La Logique du social, Hachette, Paris, 1979, p. 51.
[20] Simmel Georg, « Comment les formes sociales se maintiennent », L’Année sociologique, 1896-1897, In Sociologie et épistémologie, Paris, PUF, 1981, p. 172-173.
[21] Kaufmann Laurence, Cordonier Louis, Les sociologues ont-ils perdu l’esprit ? À la recherche des structures élémentaires de la vie sociale. SociologieS. 2012. § 33 et 34. http://sociologies.revues.org/3899.
[22] Voir : Kaufmann Laurence, Cordonier Laurent, Vers un naturalisme social. À la croisée des sciences sociales et des sciences cognitives, SociologieS. 2011.
[23] Grossetti Michel, Comment construire une ontologie « robuste » pour les sciences sociales ? Conférence Université de Toulouse, janvier 2022, et Examen d'une ontologie robuste pour les phénomènes sociaux intermédiaires in Métaphysique et Sciences Nouveaux problèmes, Paris, Hermann 2022.
[24] Grelley Pierre, Qu'est-ce qui fait une société ? Informations sociales, 2012/4, n° 172, p. 101.
[25] Passeron Jean-Claude, Le Raisonnement sociologique. Un espace non poppérien de l’argumentation, Paris, Albin-Michel, 2001.
[26] Lahire Bernard, Les structures fondamentales des sociétés humaines, Paris, La découverte, 2023, p. 132.
[27] Pour Bruno Latour le social n’a pas de consistance. Il faut considérer l’association entre divers modes d’existence du social : religieux, juridique, scientifique, technique, politique, etc. Différents positionnement épistémologiques sont possibles, mais ils doivent être clairement énoncés et justifiés. Ce n’est pas la même ambition de se limiter à un savoir pragmatique, d’édifier une science positive simplement opératoire, ou bien d’aller vers une science fondamentale.

 

 

Bibliographie :

Borlandi, Massimo. L’individualisme méthodologique défendu par Raymond Boudon. Revue Européenne des sciences sociales. 2020. https://doi.org/10.4000/ress.6632.
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Gautier Claude, Hume et les savoirs de l’histoire, Paris, Vrin/EHESS, 2005.
Grelley Pierre, Qu'est-ce qui fait une société ?, Informations sociales, 2012/4, n° 172.
Grossetti Michel, Comment construire une ontologie « robuste » pour les sciences sociales ? Conférence Université de Toulouse, janvier 2022.
         -       Examen d'une ontologie robuste pour les phénomènes sociaux intermédiaires, in Métaphysique et Sciences Nouveaux problèmes, Paris, Hermann, 2022.
Juignet, Patrick. Quelle ontologie proposer aujourd'hui ? Philosophie, science et société. 2016. https://philosciences.com/existence-reel-realite.
         -      Une ontologie pluraliste est-elle envisageable ? Philosophie, science et société. 2022. https://philosciences.com/ontologie-pluraliste.
         -      Arguments en faveur d’une ontologie pluraliste. Philosophie, science et société. 2023. https://philosciences.com/arguments-ontologie-pluraliste.
Kaufmann Laurence, Cordonier Laurent. Vers un naturalisme social. À la croisée des sciences sociales et des sciences cognitives, SociologieS. 2011.
         -         , Les sociologues ont-ils perdu l’esprit ? À la recherche des structures élémentaires de la vie sociale. SociologieS. 2012.
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             -          Les structures fondamentales des sociétés humaines, Paris, La découverte, 2023.
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Voir aussi : Culture et société

 

L'auteur :

Juignet Patrick