Déontologisme et conséquentialisme sont deux positions philosophiques opposées concernant le domaine moral.
Lorsque le jugement portant sur une action se fait en fonction de devoirs, obligations ou interdits, et uniquement en fonction d'eux, on parle d'une attitude déontologique. L'action est jugée intrinsèquement bonne ou mauvaise selon qu’elle correspond, ou non, à des lois ou devoirs. Un acte est moralement bon du fait qu'il satisfait à certains principes indépendamment des conséquences. Tuer ou mentir serait mauvais en toutes circonstances. Cette position a été défendue par Emmanuel Kant.
Lorsque le jugement portant sur une action se fait en fonction des conséquences de cette action, et uniquement en fonction d'elles, on parle de conséquentialisme. Une action est moralement bonne du fait qu'elle a des conséquences qui sont bonnes (ou, dans un dilemme, meilleures que celles d'autres actions possibles). Tuer est acceptable si cela abouti à préserver des vies et mentir est souhaitable si, par rebondissement, cela favorise la vérité ou permet de préserver une personne. Toutefois, avec la réserve prudente que la fin ne justifie pas les moyens, car de mauvais moyens peuvent finir par supplanter la finalité en vue de laquelle ils sont employés.
En droit, déontologisme et conséquentialisme sont incompatibles, car la première attitude consiste à suivre des principes universels et la seconde à tenir compte de circonstances particulières. Cependant, en pratique (d'un point de vue pragmatique, lié à l'action), on peut peser la possibilité de se conformer aux principes éthiques en tenant compte des conséquences directes ou indirectes de cette attitude, car les conséquences sont aussi à évaluer au vu de ces mêmes principes. La responsabilité impose de tenir compte des conséquences de ses actes. Ceci est facilité par la distinction entre les principes éthiques et leurs déclinaisons morales (ou politiques).
Soit un principe éthique humaniste comme la tolérance, sa déclinaison en règles morales ou politiques ne peut être inconséquente. Comme le note Karl Popper, une tolérance sans limites mène à la disparition de la tolérance : « Une tolérance sans limites ne peut que mener à la disparition de la tolérance. Si nous étendons une tolérance sans limites même à ceux qui sont intolérants, si nous ne sommes pas préparés à défendre une société tolérante contre l’assaut des intolérants, alors les tolérants seront anéantis, et avec eux la tolérance » (La Société ouverte et ses ennemis).